80 ou 90 km/h ? C’est la question qu’on se pose souvent lorsqu’on est sur la route. La confusion règne depuis bientôt 2 ans et la première marche arrière effectuée par l’Ain. Depuis, 45 autres départements ont emboité le pas et sont repassés à 90 km/h, partiellement ou totalement.
Le 17 juin 2021, le département de l’Ain repassait officiellement certaines de ses routes 90km/h. 3 ans après la promulgation de la loi abaissant la vitesse à 80km/h, cette décision était la première d’une longue série. Cette dernière a même été permise par le gouvernement lui-même qui, suite aux nombreuses contestations, avait promulgué le 26 décembre 2019 la loi d’orientation des mobilités (LOM), autorisant ce changement.
Mais pourquoi ce retour ?
“Une étude menée par les autorités locales, constate que la réduction de la vitesse n’avait pas eu l’effet escompté sur la sécurité routière.”
Cette modification se fait à certaines conditions. Le conseil départemental doit fournir à la commission départementale de sécurité routière une étude d’accidentalité. C’est ainsi qu’une étude menée par les autorités locales de l’Ain, a constaté que la réduction de la vitesse n’avait pas eu l’effet escompté sur la sécurité routière.
Pourtant, à l’annonce de la loi en 2018, le Premier ministre Edouard Philippe avait mis en avant plusieurs chiffres pour motiver cette décision :
- Depuis 2012, la vitesse moyenne sur les routes secondaires a augmenté de 4 km/h
- À 90 km/h, il faut 70 m pour freiner. À 80 km/h, la distance diminue à 57 m.
- À 80 km/h, on perd trois minutes par jour sur un trajet de 40 km.
- À 80 km/h, on sauve en moyenne une vie par jour, soit un total compris entre 350 et 400 vies par an.
Il faut rajouter à cela, les statistiques qui ont indiqué qu’au cours des 18 premiers mois suivant la mise en place des limitations de vitesse à 80 km/h, la mortalité a été réduite de 12 % par rapport aux autres routes. C’est ce qui explique pourquoi il a fallu 2 ans et demi pour qu’un premier changement s’opère au sein des départements français.
Les départements qui sont repassés à 90 km/h
Ce sont désormais 46 départements qui sont revenus à l’ancienne limitation. Il y a cependant une forte disparité : seulement 6 (Allier, Creuse, Puy-de-Dôme, Corrèze, Cantal et Aveyron) ont repassé la totalité de leur réseau à 90 km/h.
Parmi ceux ayant fait le minimum de changement, on trouve le Haut-Rhin où la vitesse a été relevée sur uniquement 22 km. En Charente, 10 % des routes départementales ont échangé leurs panneaux 80 contre des 90.
La raison ? Une adaptation aux réalités sur le terrain. Certains départements ont en effet décidé de ne pas repasser à 90 km/h sur des axes jugés à risque. C’est le cas pour 330 sections dans le Puy-de-Dôme qui se sont vues être abaissées à 70 km/h. Mais est-ce l’unique raison ?
Le coût d’un panneau : entre 200 et 250 euros
Ce montant inclus le coût de transport, la main d’œuvre d’au moins deux personnes… Sortie d’usine, il revient à 80 euros TTC.
Au total, cela peut représenter une somme de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Si on prend le cas des départements du Nord et du Pas-de-Calais, il faudrait débourser au minimum 86 000 euros pour changer les 430 panneaux.
Alors que lors de l’abaissement à 80 km/h, le changement des panneaux était pris en charge par l’État. C’est désormais aux départements de prendre eux-mêmes à charge le coût, puisque c’est leur décision de revenir à 90 km/h.
Si ce coût est conséquent, c’est aussi en raison de la durée de vie limitée d’un panneau : entre 7 à 12 ans. La raison ? Les parties rétro-réfléchissantes s’altèrent avec le temps. Il faut donc en refabriquer une bonne partie.
Par ailleurs, d’autres solutions ont été envisagées, comme celle de cacher le “9” derrière un “8” autocollant. Mais cette option n’est pas envisageable, la loi interdit d’altérer de cette manière ou d’une autre un panneau de signalisation routière. Il est en effet exigé qu’un panneau porte une étiquette inviolable attestant de sa conformité. En cas de non-conformité, la responsabilité de la collectivité territoriale et des gestionnaires des réseaux routiers pourrait être engagée en cas d’accident.
Les retours en arrière ont le vent en poupe cette année. Mi-avril, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin que les dépassements de vitesse inférieurs à 5 km/h ne seront plus sanctionnés d’un retrait de point sur le permis à partir du 1er janvier 2024 ».